Le crêpier breton devenu vedette de télé en Corée

Le crêpier breton devenu vedette de télé en Corée

Mais que fait donc une équipe de télévision coréenne au milieu d’ une fête à l’ancienne dans le village de Guénin (Morbihan) en suivant à la trace un grand type parlant anglais mais qui semble bien connaître la plupart des participants à ces festivités ? Ce gars-là a beau avoir des faux airs de David Beckham, on imagine que ce n’est pas pour parler de foot qu’il s’adresse ainsi aux télespectateurs de la lointaine Corée. Alors quoi ? Pour avoir la réponse, il faut remonter la bobine pour découvrir l’étonnante histoire d’un Morbihannais devenu la coqueluche d’une émission de télé coréenne parce qu’il vendait des crêpes dans un endroit où on n’avait jamais goûté un truc pareil…

Au pays des All Blacks

Lui, il se nomme Arnaud Laudrin, il a 28 ans et un itinéraire pas banal qu’il a reconstitué pour la télévision coréenne mais aussi pour le site Slate qui raconte son étonnant parcours. Il commence du côté de Pontivy, en 2009, où le jeune homme fête ses vingt ans avec entrain et son BTS Négociation et Relation client avec un enthousiasme nettement plus mesuré. Cette formation l’a un peu gavé mais il ne sait pas encore qu’elle va lui servir.

Pas pour son premier voyage loin de la mère patrie pour lequel il a suivi une formation de crêpier à Vannes. Juste de quoi apprendre les rudiments du métier mais assez pour espérer monter une petite boutique en Asie. Oui, c’est l’Asie qui l’attire mais la géographie étant ce qu’elle est, c’est en Nouvelle-Zelande, le pays des All Blacks, qu’il débarque pour vendre ses premières crêpes et approfondir sa connaissance de la langue de Paul Mac Cartney.

My taylor is rich and my billig is chaud comme la Breizh et vas-y Nono, fais des crêpes. Quatre ans comme ça en Nouvelle Zélande puis en Australie avant un retour en France pour mieux rebondir en Asie. Car entre-temps, il a fait la connaissance de Yeou-Tung, une charmante Coréenne qui devient Madame Laudrin, et prend avec lui un aller simple pour la capitale de son pays d’origine : Séoul.

Seul au milieu du marché asiatique

Là bas, Arnaud a toujours ses crêpes en tête mais commence par des castings de figurants. On cherche des gueules et la sienne a un profil occidental assez typé pour se retrouver cuistot pour une pub de sauce tomate, footballeur dans une autre et même golfeur pour des pubs de presse écrite. Les caméras, il les apprivoise mais tient tellement à sa vocation de crêpier qu’il finit par s’installer sur un marché de Seoul 100% asiatique, dans une boutique brinquebalante et à peine plus grande qu’une cabine téléphonique. Il a baptisé son commerce Yec’hed Mat, qu’il n’est pas nécessaire de traduire. Au début, il a autant de succès qu’un vendeur de pousses de bambous sur le marché aux bestiaux de Landivisiau et en passant devant son échoppe, certains clients ont un peu pitié de ce pauvre immigré dont ils se demandent comment il peut vivre en vendant des trucs pareils…

Un bon client…

Les affaires ne sont pas florissantes du tout mais la situation de cet Occidental, s’accrochant tout seul au milieu de centaines d’Asiatiques finit par attirer l’attention d’une télé coréenne, KBS, qui réalise justement une série d’émissions sur les difficultés d’intégration des expatriés. Et ce gars-là, galérant tout seul dans un univers exclusivement asiatique a tout de ce qu’on appelle « un bon client ».

Et pour être bon, il est bon. De ces années d’études, il a acquis le sens du commerce et du contact. De ses tournages de pubs, il a appris à capter l’oeil de la caméra. Et de ses origines bretonnes, il conjugue la convivialité naturelle et l’étincelle dans le regard.

Son passage à la télé fait tellement décoller son échoppe qu’il va même réussir à ouvrir une vraie crêperie dans le quartier étudiant de Séoul. Lui et sa femme bossent comme quatre et les Coréens aiment ça. La culture du travail, c’est quelque chose chez eux ! Et un Occidental qui turbine autant, ça vaut le coup d’oeil. Alors KBS remet le couvert en faisant une seconde émission spéciale entièrement consacrée au Morbihannais.

Les cousins d’Armorique

Pour agrémenter son portrait, on lui demande des vieilles photos de sa région d’origine, en Bretagne quelque part dans le coin de la carte puisque l’Europe, chez eux, ce n’est vraiment pas le centre du monde. Et les Coréens tombent de l’armoire quand ils voient des photos de coiffes, de sabots, de vieilles horloges bretonnes…

Eux qui sont viscéralement attachés à leur culture ancestrale sont sidérés par le charme désuet de ces photos bien éloignés de tous les clichés de Tour Eiffel et d’Arc de Triomphe. Allez Zou ! Cette fois KBS décide d’envoyer carrément une équipe en Bretagne pour voir les us et coutumes de cette drôle de région. Avec Arnaud comme guide, les voilà entraînés dans la Bretagne hautement traditionnelle et même au milieu d’une fête à l’ancienne où on ressort toute la panoplie d’hier et d’avant-hier devant des caméras gourmandes d’exotisme armoricain. Et ce n’est pas fini. KBS voudrait maintenant qu’il réalise une émission sur ses bonnes adresses de Paris et lui s’est mis en tête de développer les relations entre la Bretagne et la Corée. Par le biais d’une association nantaise, il compte même lancer un premier fest-noz à Séoul dès cet automne. Alors yec’hed mat !

Source : Bretagne Bretons