Crêpier, un métier difficile à faire reconnaître au Canada


Carole Dumestre dit qu'elle ne peut plus continuer seule à servir les clients. Photo: Facebook / Carole Dumestre

Immigration et Citoyenneté Canada vient de refuser un permis de travail à un crêpier originaire de Bretagne, en France, alors qu'une crêpière de Penticton, en Colombie-Britannique, comptait sur lui pour développer son entreprise.

Dans sa lettre de refus, l’agent d’immigration explique : « Je ne suis pas satisfait que l’emploi est celui d’un chef, tel qu’identifié sur l’offre d’emploi ». La propriétaire de la crêperie Ooolala, Carole Dumestre, qui possède deux roulottes à Penticton, avait pourtant détaillé les tâches de sa future recrue.

« J’ai tellement étudié le dossier de fond en comble pour être sûre de ce dans quoi je m’investissais, se désole Carole Dumestre. J’ai cru qu’ils s’étaient trompés de dossier ».

Carole Dumestre pensait avoir trouvé le candidat idéal : diplômé en crêperie, il dispose d’au moins 15 ans d’expérience dans des crêperies et des restaurants bretons en tant que crêpier et chef.

Elle a présenté pour lui une demande de permis de travail grâce au programme Mobilité francophone destiné à encourager l’immigration de travailleurs francophones qualifiés dans les provinces hors Québec.

C’est important pour moi de garder quelqu’un qui soit francophone, explique Carole Dumestre, parce que pour les clients, c’est comme une évasion de pouvoir parler français. Beaucoup de parents amènent leurs enfants parce que c’est leur seul contact en français.


La crêperie cultive son identité française. Photo : Carole Dumestre

Carole Dumestre a aussi vivement besoin d’un crêpier pour la seconder, surtout les samedis, quand les clients font la queue devant sa roulotte installée sur le marché de Penticton.

J’ai croulé sous le travail ces 10 dernières années et aujourd’hui je n’en peux plus.

Carole Dumestre, crêpière à Penticton

Or, le métier de crêpier est peu connu au Canada. Dominique Coton, qui a travaillé dans la restauration pendant 40 ans, se souvient d'avoir vu des crêpiers au Québec, mais rarement en Colombie-Britannique. Il n’a pas non plus connaissance d’une formation spécifique dans la province.

Pour trouver du personnel dans la restauration, c’est l’horreur, mais en plus, quand on va dans des spécialités comme la pizza ou la crêperie, c’est encore plus dur.

Dominique Coton, ancien chef exécutif de restaurants

La procédure d'immigration pour le crêpier breton a pris plusieurs mois et Carole Dumestre n’est pas sûre de vouloir recommencer alors que l'été est déjà là. Désormais, elle hésite à ouvrir l'auvent de sa roulotte tous les jours de la semaine. Elle dit quand même que les centaines de messages de soutien qu’elle a reçus lui donnent du baume au coeur et l’encouragent à poursuivre son métier.

Source : https://ici.radio-canada.ca