Le bon mouvement pour une crêpe parfaite
Tout le monde a déjà fait des crêpes, mais le rendu laisse parfois à désirer. Deux chercheurs ont voulu créer un modèle théorique pour des crêpes parfaites. Et ce serait une histoire de coup de poignet.
CUISINE - Un jour, Mathieu Sellier et son épouse étaient en train de faire des crêpes dans leur cuisine, mais le résultat n’était pas très convaincant. Sa femme lui fait alors remarquer qu’en tant que spécialiste de la mécanique des fluides, il devrait savoir faire des crêpes parfaites.
Physicien, à l’université de Canterbury en Nouvelle-Zélande, il s’est donc associé à Edouard Boujo, membre de l’École Polytechnique de Paris à la recherche d’une solution parfaite pour la Chandeleur.
Les chercheurs ne se sont pas concentrés sur la recette, mais sur la cuisson. Le principal problème est, selon eux, de parfaitement répartir la pâte alors que la poêle chaude va rapidement solidifier le liquide. Ils ont finalement trouvé une solution (théorique) dans une étude publiée en juin 2019, qui ne surprendra pas les habitués de la Chandeleur.
Tout est dans le coup de poignet
Grâce à de nombreuses simulations de différents mouvements et à une série de calculs appelés équations aux dérivées partielles (PDE), ils ont trouvé une solution. L’essentiel du travail résiderait dans le mouvement.
Selon leur théorie, il faut verser la pâte dans le centre de la poêle puis l’incliner pour que le liquide se retrouve sur un côté au fond de la casserole. Ensuite il faut faire un ou deux tours complets jusqu’à ce qu’elle se répartisse uniformément. Avant de revenir à une position horizontale pour combler les éventuels trous.
Les chercheurs se sont rendu compte que beaucoup de cuisiniers utilisaient déjà cette méthode de manière instinctive. “C’était formidable de pouvoir confirmer que les gens sont de bons ‘optimiseurs intuitifs’, du moins dans le cas simple de la fabrication de crêpes”, ont-ils déclaré à un blogger.
Des applications scientifiques
Ces travaux pourraient permettre de développer une théorie sur la façon dont les fluides enrobent une surface. Cela pourrait avoir une vraie utilité pratique, surtout dans l’industrie du circuit imprimé, qui implique d’appliquer des couches minces et uniformes.
L’utilisation de liquides pourrait offrir un moyen moins coûteux et plus économe en énergie pour créer ces revêtements que les méthodes actuelles qui reposent sur le dépôt de vapeurs chaudes (comme les écrans de téléphones ou les cellules solaires).
“Nous travaillons actuellement à des applications pratiques plus complexes”, explique Edouard Boujo dans ce même blog. De nombreux industriels pourraient être intéressés par leurs travaux dans le futur.
Leurs recherches seront peut-être aussi utiles aux cuisiniers amateurs qu’aux ingénieurs.
Source : https://www.huffingtonpost.fr