Moulins à farine artisanaux pour les paysans bio
Construire ces moulins est un « challenge » pour Robinson Tillies, nécessitant moult compétences et une bonne dose d’inventivité. DDM - Marie-Pierre Volle
Robinson Tillie vient de terminer la fabrication d’un « Moulin du bon sens ». Ce moulin à farine utilise des procédés qui permettent de garder les qualités nutritives du blé. Un pied de nez aux entreprises industrielles.
Les moulins, ça le connaît. Le charpentier Robinson Tillie en a restauré plus d’un dans la région. À eau ou à vent, pour la beauté de voir fonctionner l’ouvrage ou pour son utilité : faire de la farine de blé. Avec son confrère et ami Bernard Garibal, ils ont sillonné l’Occitanie pour ériger à nouveau dans le paysage des géants ailés.
Récemment, l’artisan s’est lancé dans un nouveau chantier « moulinesque ». Sauf que cette fois-ci, il ne s’agit pas de restauration mais bien de fabrication d’une machine électrique capable de moudre du grain. L’entreprise a été appelée « Les moulins du Bon sens » par son créateur, le Lautrécois Bernard Garibal. Robinson Tillie a repris l’affaire et a gardé ce joli nom. Dans son atelier situé à Penne, il vient d’achever la fabrication de son premier moulin. Et ça n’est pas une mince affaire : le chantier mobilise des savoir-faire de meunerie, menuiserie, métallurgie, mécanique, électricité, plomberie « et des compétences en démerde ! », ajoute le charpentier.
En actionnant l’interrupteur, il fait démarrer la bête : les grains de blé tombent progressivement entre les deux meules en granit du Sidobre puis passent dans le blutoir, à l’intérieur duquel se trouve un tamis. Celui-ci filtre la farine et la sépare du petit son et du gros son qui constituent l’enveloppe du grain. La farine est ensuite envoyée à travers des tuyaux directement dans les sacs. « Elle est très fine et toute fraîche », indique Robinson en sortant une poignée de poudre blanche.
Qualités nutritives préservées
Ce moulin à farine s’inspire du travail des frères Astrié (voir encadré) grâce auquel l’artisan obtient une farine de qualité. « On n’écrase pas le blé, on le déroule », souligne Robinson Tillie, ce qui permet de conserver l’intégralité du germe. Le processus se fait à froid, pour préserver les nutriments. « Ce n’est pas de la farine industrielle où on recherche davantage le rendement que la qualité », résume l’artisan.
Robinson Tillie cherche désormais des paysans en agriculture bio intéressés par sa machine dont le rendement, certes, n’a rien à envier aux grandes minoteries, mais dont le produit fini est infiniment plus précieux.
« À l’heure actuelle, le bon sens, c’est de revenir à des valeurs plus humaines, moins industrielles, surtout au niveau alimentaire, explique Robinson Tillies. Tout le monde aime le bon pain et ça, ça passe par un bon moulin. »
Pour voir son travail : www.moulin-farine.com
La technique des frères Astrié
La meunerie est décidément une affaire de Tarnais. Les moulins du Bon Sens utilisent les techniques inventées par les frères Astrié, installés dans le Sidobre. « C’est eux qui ont mis au point ce type de machine où les meules sont rodées, tournent doucement et ne se touchent pas », explique Robinson Tillies. Grâce à ce procédé, l’artisan atteint un rendement de 80 % de farine en une seule passe, sans chauffer les grains. « Ils n’ont pas breveté leur invention exprès pour que les gens puissent s’approprier leur savoir-faire », salue Robinson Tillie. Aujourd’hui, nombreux sont les artisans à s’être emparés de cette invention.
Source : https://www.ladepeche.fr